Fabrice Vigne nous répond !

Publié le par CDI Collège Diderot

Réponse de Fabrice Vigne
 
 
Chers Youssef, Ibrahim, Ismaël, Faten et Sty Yecha

Merci pour votre lettre. Que de questions à la fois ! Bon, je les prends dans l'ordre pour ne pas en oublier...

1) Est-ce que vous avez fait comme Arthur pour écrire votre premier livre ?

J'ai voulu écrire des livres à peu près au même âge qu'Arthur, oui. Mais Arthur est plus têtu que moi : son roman, il l'a terminé. Alors que moi, j'en ai commencé des dizaines avant de réussir à en finir un. Toutefois lui et moi avons beaucoup de points communs lorsque nous écrivons. Parmi ces points commun, deux sont particulièrement importants : primo, pour Arthur comme pour moi, écrire c'est avant tout ré-écrire ! C’est-à-dire qu'on écrit un premier jet, et c'est mauvais. On réécrit un deuxième jet, et c'est un peu moins mauvais. On réécrit un troisième jet et c'est presque bon, etc... Secundo, contrairement à Stan et Elsa, qui ont beaucoup d'idées AVANT de commencer à écrire, Arthur a découvert comme moi que l'on ne sait vraiment pourquoi on a écrit que lorsqu'on a terminé.

2) Pourquoi avoir inventé cette histoire de roi ?

Je n'ai rien inventé du tout, dans cette histoire de roi ! J'ai raconté une histoire, et j'ai utilisé l'Histoire : deux fois le même mot, mais la majuscule change tout. Je crois que l'Histoire est un extraordinaire réservoir d'histoires. Entre autre, parce que l'Histoire est écrite avec deux ingrédients très différents : il y a d'abord des choses vraies, sûres ou presque sûres, tous les évènements qui ont eu des témoins (Un bébé est né le 14 novembre 1316, un bébé est mort le 19 novembre 1316... Ce sont des faits exacts), mais il y a aussi plein de demi vérités, de légendes, d'hypothèses, de délires, de ragots, de superstitions, de mythes, de mystères (est-ce que Jean Ier a été remplacé par le fils de sa nourrice et qu'il a ensuite grandi en Italie ? Peut-être que oui ! Peut-être que non !)... Bref, plein d'imagination ! Et l'imagination quand on raconte une histoire, c'est ce qui crée du jeu, de la respiration, de la liberté, de la surprise.

3) Comment avez vous eu l’idée d’écrire ce livre ?

Je ne sais pas combien de livres j'écrirai en tout (je ne suis pas pressé : j'écris au maximum un livre par an), mais en tout cas une chose est sûre pour moi : je ne veux pas écrire deux fois le même livre. Aussi, quand j'ai commencé "Jean Ier le Posthume roman historique", la première idée que j'avais était que je le voulais complètement différent de mon livre précédent, "TS", qui était plutôt difficile, grave, une question de vie ou de mort. Donc : celui-ci serait une comédie, un livre pour rire. Mais une comédie sur quel thème ? Comme les questions que je me posais à l'époque tournaient autour de l'écriture (comment écrire ? pourquoi écrire ? pour qui ? sur quoi ?), ce livre est devenue une comédie sur l'écriture même. Et j'ai mis en scène des enfants, parce que je crois intéressant de considérer l'écriture comme un jeu d'enfants.
En ce moment, j'écris la suite. Cela s'appelle : "Jean II le Bon, séquelle". Comme je l'écris quatre ans plus tard, Arthur, Stan et Elsa ont grandi en même temps que moi : ils n'ont plus 10 ans mais 14. Mais comme je continue de ne vouloir sous aucun prétexte écrire deux fois la même chose, ce sera TRES différent du Posthume. Même si des questions seront identiques, les réponses seront autres...

4) Comment avez vous fait pour aller jusqu’au bout de l’écriture ?

Comme je l'ai dit plus haut : commencer un livre est facile pour moi, mais le terminer me demande énormément de travail. Donc, il n'y a pas de secret : du boulot ! Encore du boulot ! Toujours du boulot ! Ecrire un projet de livre, c'est courir un 100 mètres. Ecrire un livre, c'est courir un marathon.

5) Est ce que vous êtes content d’être sélectionné ?

Ah ça oui ! Puisque ça me permet d'avoir ces échanges avec vous !

6) est ce que vous avez comme l’auteur trouvé le déclic par exemple quand vous avez écrit ce livre ?

Oui, j'ai trouvé le déclic, le "point sensible", j'en ai même trouvé plusieurs. Je vous en donne un (un seul ! parce que je garde des secrets pour moi !) : vers la fin du livre, lorsque Arthur a terminé de lire à voix haute le roman qu'il a écrit, il est un peu embarrassé, il écoute distraitement tous les commentaires des spectateurs, il ne sait pas quoi faire des feuilles qu'il a dans la main... Moi non plus, je ne savais pas ce qu'il allait en faire... Et puis j'ai trouvé : il dépose son "roman" à côté de sa petite soeur endormie, et c'est un cadeau qu'il lui fait pour sa naissance. En écrivant ce geste, j'ai trouvé ça tellement joli que j'ai pleuré une petite larme. J'avais trouvé ici un "point sensible" que je n'avais pas prévu au départ : mais voilà, c'était pile le geste juste, le geste qu'il fallait faire, parce qu'on écrit des livres pour les offrir à ceux qui viendront après nous, pour les laisser en offrande aux enfants qui les liront peut-être...

En tout cas, vous, ce n'est pas "peut-être" : vous m'avez lu, et très bien lu, et je vous remercie encore.

A la prochaine fois ?

Fabrice

Publié dans Lettres à l'auteur

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